Blanquefort s’apprête à relever un défi de taille : redonner vie aux emblématiques grottes du parc Majolan. Fermées au public depuis 2021 en raison de leur état de dégradation, ces structures artificielles classées parmi les plus vastes d’Europe attendent une restauration aussi complexe que coûteuse. Alors que les études techniques se poursuivent, la commune engage en parallèle d’autres travaux pour préserver ce site remarquable de 20 hectares, véritable écrin de verdure et de patrimoine aux portes de Bordeaux.
Les grottes du parc Majolan : un joyau fragile fermé au public depuis 2021
Un décor emblématique de Blanquefort
Majestueuses, les grottes du parc Majolan à Blanquefort sont l’un des emblèmes les plus reconnaissables de la commune. Leur silhouette minérale se reflète dans les eaux calmes du lac, conférant au lieu une atmosphère à la fois romantique et mystérieuse. Conçues à la fin du XIXe siècle, ces grottes artificielles sont le fruit de l’imagination du banquier bordelais Jean-Gustave Piganeau, alors propriétaire du domaine. La légende raconte qu’il aurait fait aménager le parc pour sa fille malade, espérant qu’elle y trouve un refuge apaisant.
Ce décor de roche factice repose sur une structure originale : un mélange de grillage métallique, de moellons, d’agrafes et de mortier à base de chaux hydraulique. Tout est factice, depuis les fausses stalactites jusqu’aux ruines romantiques disséminées dans le parc. Le résultat n’en est pas moins spectaculaire. Ces grottes figurent aujourd’hui parmi les plus grandes grottes artificielles d’Europe, s’étendant sur environ 1 000 m².
Une fermeture inévitable pour des raisons de sécurité
Depuis 2021, les visiteurs ne peuvent plus explorer ces entrailles de pierre. La décision de la mairie de Blanquefort de fermer les grottes au public est survenue après des incidents : plusieurs fragments de la structure s’étaient détachés au niveau d’un passage très fréquenté, au-dessus de la fameuse « feuille de nénuphar ». Un risque jugé inacceptable par les autorités.
Le diagnostic a révélé une fragilité structurelle croissante, liée à l’usure du matériau et à l’infiltration de l’eau. Une situation qui nécessite aujourd’hui une rénovation lourde, technique et coûteuse.
Une restauration technique et coûteuse à l’étude
Une structure complexe à restaurer
Les grottes de Majolan ne sont pas faites de roche naturelle, mais d’un assemblage sophistiqué de matériaux. Leur architecture repose sur une armature de grillage, des blocs de pierre (moellons), des agrafes métalliques et une couche de mortier projeté. Ce trompe-l’œil grandeur nature a résisté au temps, mais l’humidité et la corrosion ont progressivement mis à mal cette construction unique.
L’enjeu est de taille : il s’agit non seulement de préserver un élément fort du patrimoine de Blanquefort, mais aussi de garantir la sécurité future des visiteurs. Restaurer un tel ouvrage suppose de conserver son apparence tout en renforçant sa structure.
La passivation des aciers et les tests de mortier
Parmi les solutions retenues, la passivation des aciers permettra de ralentir voire d’arrêter le processus de corrosion. Ce traitement chimique est une étape indispensable pour assurer la pérennité des agrafes et des armatures internes. En parallèle, des tests de mortier ont été menés dans la zone des canyons pour obtenir une teinte proche de la pierre naturelle. Le choix d’un ton « pierre » a été validé, garantissant l’harmonie visuelle avec le reste du parc.
Le chantier prévoira également un garnissage minutieux des fissures et éclats, pour redonner aux surfaces leur aspect d’origine tout en améliorant leur solidité.
Le défi de l’étanchéité du toit
Le plus grand obstacle reste l’étanchéité du toit plat des grottes. Au fil des décennies, l’eau s’est infiltrée, abîmant les structures métalliques internes. Avant tout lancement de travaux, la mairie doit déterminer la méthode d’intervention la plus fiable.
Cette phase de diagnostic comprend plusieurs étapes : enlèvement de la végétation, nettoyage de la surface, travaux d’étanchéité, puis replantation. Mais entre-temps, le chantier devra protéger les structures et minimiser l’impact sur l’environnement du parc. Un casse-tête technique et logistique, toujours en cours d’évaluation. Aucune date de début n’est encore arrêtée.
Des travaux parallèles déjà engagés dans le parc Majolan
Rénovation de la passerelle de l’aulnaie
Pendant que les équipes d’ingénierie planchent sur les grottes, d’autres zones du parc Majolan font l’objet d’interventions concrètes. C’est le cas de la passerelle de l’aulnaie, un élément clé du cheminement pédestre permettant de traverser les zones humides sans les dégrader.
Dégradées par les variations du niveau de l’eau, ses fondations en bois sont en train d’être remplacées par des pieux en béton. Les arches métalliques emblématiques seront restaurées et le caillebotis réinstallé. Livraison espérée : été 2025. Coût prévisionnel : 250 000 euros.
Autres interventions prévues en 2025
Toujours dans une logique de conservation du patrimoine et de valorisation du site labellisé « jardin remarquable », la commune prévoit plusieurs travaux complémentaires. La partie sud du haha, un fossé décoratif bordant le parc, sera réhabilitée. L’alcôve près de l’embarcadère de la lyre, fragilisée, fera aussi l’objet de consolidations.
Une réouverture des grottes encore lointaine
Aujourd’hui, les habitants de Blanquefort et les visiteurs de la métropole bordelaise doivent encore patienter avant de pouvoir redécouvrir les grottes du parc Majolan. Aucune date n’est avancée, ni aucun budget définitif. La mairie n’exclut pas de faire appel à du mécénat pour alléger la facture.
Ce qui est certain, c’est que la Ville veut s’engager dans une restauration durable et respectueuse de ce lieu unique du patrimoine de Blanquefort. Un chantier d’envergure, au service d’un site exceptionnel qui continue de fasciner par sa beauté insolite.
Le parc Majolan et sa cascade, lieux emblématiques proches de Bordeaux
Le restaurant au cœur du parc Majolan
De magnifiques grottes en rénovation près de Bordeaux
Parc Majolan
Adresse : Avenue du Général de Gaulle, Blanquefort